« Utilise un préservatif ! » est un message de campagne simple et efficace. Mais comment aborder la santé mentale ?
Nous avons considérablement réduit notre champ d'action et nous nous sommes concentrés sur des situations réelles. Nos campagnes n'ont pas pour but de former des professionel·x·le·s. Le public que nous cherchons à atteindre ne peut pas tout apprendre sur la santé mentale à travers une campagne. Il existe des moyens plus efficaces pour cela. Personne n'a le temps de se pencher sur des questions complexes.
Mais les gens nous font confiance et sont prêts à suivre des conseils concrets pour des situations réelles. Nous ne devons proposer que ce qui est réalisable.
Nous avons identifié trois groupes que nous pouvons atteindre avec nos campagnes - ce sont bien sûr des archétypes, car tout le monde se situe quelque part entre les deux. Et à côté de cela, il y a de nombreuses personnes qu'il est impossible d'atteindre avec des campagnes de communication classiques, par exemple les HSH non identitaires.
- Les hommes gays pour qui la sexualité est une partie centrale de leur vie. Ils aiment parler de sexe, ont fréquemment des rapports sexuels et sont sensibles aux contenus érotiques ou sexualisés. Ils veulent des solutions individuelles.
- Les personnes queer qui s'intéressent globalement à toutes les questions existentielles. Elles ont une approche plutôt morale des sujets et sont peu réceptives à la nudité ou aux références à la culture sexuelle gay. Elles veulent arrêter d'aborder la santé sexuelle par le prisme du VIH mais prendre en compte un ensemble plus large d'enjeux qui ne concernent pas que les hommes gays.
- Les personnes engagées pour la communauté. Elles considèrent que le VIH est un enjeu commun. Elles veulent donc des campagnes qui mettent aussi l'accent sur la solidarité. En outre, elles lisent plus de trois mots de leur plein gré.
Il est impossible de s'adresser aux trois groupes dans une seule campagne. Sinon, celle-ci perdrait tout son impact. Une campagne doit être courageuse, dépasser les limites. Il faut toujours aller plus loin.
Une prise de conscience est décisive pour la campagne : il ne s'agit pas de toi, il ne s'agit pas d'éduquer ou d'instruire les gens. Il ne s'agit pas non plus de savoir ce que les professionel·x·le·s pensent que serait le monde parfait. Nous avons besoin de campagnes avec des objectifs très concrets, destinées à des personnes bien réelles et accompagnées d'appels à l'action réalistes.